ESCLAVES, AFFRANCHIS ET HOMMES LIBRES
LES DIFFÉRENCES SOCIALES DANS LES NOMS
Les différences sociales étaient déjà exprimées par la formule onomastique, c’est-à-dire selon le mode selon lequel chacun était nommé.
Les esclaves avaient droit à un prénom unique, qui pouvait, au maximum, être complété par l’indication du maitre, comme nous le voyons pour l’esclave n. 15, Helene, L(uci) Aponi Crispini (serva), c’est-à-dire « Elena, esclave de Lucio Aponio Crispino ».
Pour les hommes libres dès la naissance (ingenui : nés de père libre), la formule complète pouvait comprendre jusqu’à cinq éléments ; dans l’ordre :
- Le praenomen personnel (Caius, Lucius, Marcus, etc) ;
- Le nomen ou gentilice, c’est-à-dire le nom de famille ;
- La filiation, exprimée avec la référence au praenomen du père (« fils de… »)
- Souvent aussi la tribu ou la circonscription de l’état civil ;
- Enfin le cognomen.
Comme cela, par exemple, au n. 38, nous trouvons M(arcus) Marcius M(arci) f(ilius) Fab(ia tribu) lustus, c’est-à-dire « Marco Marcio, fils de Marco, inscrit dans la tribu Fabia, Giusto », où Marco est le praenomen, Marcio le gentilice et Giusto le cognomen.
Pour les affranchis, il y avait une formule du même type, mais au lieu du praenomen du père, ils devaient indiquer celui de l’ancien maitre : non pas « fils de … », mais « affranchi de… » ; et si la maitresse était une femme, vu que les femmes n’avaient pas de prénom, on utilisait le symbole conventionnel d’un « C » à l’envers, c’est-à-dire avec la bosse à droite, et la formule voulait simplement dire « affranchie d’une femme ».
Justement pour éviter de devoir expliciter cette origine servile, qui était vue comme une tache, beaucoup d’affranchis omettaient complètement cette partie de la formule.
De plus, l’affranchi, au moment de sa libération, était obligé d’assumer le gentilice de l’ancien maitre (à partir du IVe siècle après J.-C., son praenomen aussi), en transformant son nom d’origine unique en cognomen.
Ainsi, l’affranchi qui dans le n. 12 figure comme P(ublius) Vettius P(ubli) l(ibertus) Optatus, avant sa libération était un esclave de prénom Optatus, propriété d’un P(ublius) Vettius.